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Pourquoi vous êtes-vous porté candidat à la résidence de journaliste installée par la Drac Hauts-de-France à Roubaix ?
C’est parti d’une réflexion sur mon impact social. Après un passage à France Info, expérience formatrice mais aussi « formateuse », j’ai travaillé à la pige, traitant principalement le sujet de la vie dans les quartiers populaires. En constatant le flux incessant d’informations, je me suis interrogée sur mon rôle dans l’espace médiatique, me disant que les articles que je faisais, d’autres pouvaient les écrire. J’en suis arrivé à me dire que plutôt qu’écrire moi-même, je devais permettre aux gens de s’exprimer.
Roubaix m’intéressait beaucoup parce c’est une ville populaire, ouvrière et une ville qui souffre d’une certaine représentation dans les médias. J’aimais l’idée de donner la parole à ses habitants, notamment les plus jeunes, pour montrer à voir d’autres images de ce territoire.
Cette expérience a-t-elle tenu les promesses que vous y mettiez ?
Tout le travail, avec les jeunes et les habitants, a été formidable.
Les conditions elles-mêmes de la résidence ont été plus dures à vivre. En quatre mois, dont le premier consacré aux contacts avec les responsables éducatifs du territoire, je suis intervenu dans 35 structures, souvent dans plusieurs classes pour chacune. J’en suis sorti essoré, enchaînant 4 à 5 séances par jour. C’était un peu l’usine de l’éducation à l’info !
Les responsables du dispositif se sont montrés très attentifs à ce que je ne sois pas débordé. Mais la demande est tellement importante !
Quels publics avez-vous rencontrés ?
Je me suis rendu, pour un tiers dans les écoles primaires, un tiers dans les collèges/lycées et un tiers dans les structures sociales et culturelles. Dans les premières, je me suis surtout concentré sur « qu’est-ce que l’info » ? Pour les autres, je suis allé plus loin, abordant les théories du complot et travaillant avec eux sur la réappropriation de leur image.
Concrètement, quels outils avez-vous utilisés ?
Pour les faire réfléchir sur la fabrique de l’information, je me suis servi des outils élaborés par le Clemi. Ensuite, j’ai toujours été attentif à ce que les jeunes produisent quelque chose. Avec les plus petits, nous construisions par exemple une frise pour présenter les différents médias selon des critères que nous avions choisi ensemble. Avec les plus grands, nous nous sommes appuyés sur tous les supports : articles écrits, reportages radios, vidéos Youtube… Parfois, les enseignants me « commandaient » des séances particulières, sur le traitement médiatique de la campagne électorale, par exemple.
Comment se sont nouées vos relations avec les enseignants et les animateurs ? Quel est la place du journaliste par rapport aux pédagogues ?
Les meilleures séquences sont celles que j’ai co-construites avec les profs. C’était moins enrichissant avec ceux qui disaient : « les élèves s’informent n’importe comment » et qui s’installaient dans le fond de la classe…
Comment améliorer le dispositif, selon vous ?
Il faut davantage l’inscrire dans le long terme. Dans leurs réflexions, les jeunes présentent une grande complexité. Ils ont une capacité critique démente mais du mal à l’exprimer. Le travail sur l’expression est très important mais prend beaucoup de temps.
Dans le fond, il ne faut pas travailler avec eux l’esprit critique : ils l’ont ! Le temps long permet, lui, en plus, de travailler sur la reconstruction, après avec déconstruit avec eux le système médiatique.